26 oct 2009

Article de Bastamag, suite à la conférence de presse organisée à l'Assemblée Nationale le 21/10/2009

Françafrique

L’industrie nucléaire française procède à un véritable pillage au Niger

Par Sophie Chapelle (26 octobre 2009)

Depuis 40 ans, la multinationale Areva puise abondamment dans les ressources d’un des pays les plus pauvres de la planète. Le Niger pourrait demain devenir le deuxième producteur mondial d’uranium. Pourtant, le pays figure à la dernière place de l’indicateur de développement humain. C’est dans cette absence de partage des richesses et sur fond de crise institutionnelle, que se profile une catastrophe sociale, environnementale et économique. Produire ici de l’électricité d’origine nucléaire a pour corollaire, là-bas, contaminations radioactives et désertification.


Photo : Areva ne fera pas la loi au Niger

Areva, champion français de l’industrie nucléaire, le clame fièrement : sa nouvelle mine d’uranium d’Imouraren, au Niger, sera la plus importante d’Afrique et la deuxième au monde. Areva répète avoir « fait du développement durable la clé de voûte de sa stratégie industrielle avec la triple ambition d’une croissance rentable, socialement responsable et respectueuse de l’environnement ».

Dans le cadre de cette stratégie, Areva a organisé le 16 mai dernier à Agadez, dans le nord du Niger, « une audience publique et un atelier de validation de l’étude d’impact environnemental d’Imouraren ». La multinationale de l’atome se serait-elle reconvertie à un soudain souci de transparence ? « Un écran de fumée », selon le collectif Areva ne fera pas la loi au Niger, au moment où - coïncidence ? - l’état d’exception est décrété sur la région d’Agadez. Dénonçant l’impossibilité de consulter le rapport provisoire, la mise à l’écart du comité Ad-hoc, la réduction du temps imparti à la consultation, le collectif associatif demande de disposer de cette étude d’impact et d’une contre-expertise scientifique indépendante. Il attend toujours.

Areva, éco-responsable ?

Derrière les grands discours socialement responsables et respectueux de l’environnement se cache une toute autre réalité. Des études indépendantes ont d’ores et déjà été menées. La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) révèle que les eaux distribuées dans la ville minière d’Arlit, où opère Areva, ne sont pas aux normes de potabilité : d’après les prélèvements de 2004 et 2005, le taux de contamination de ces eaux dépasse de 7 à 110 fois les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé ! Toujours selon la Criirad, des boues radioactives et d’énormes masses de déchets radioactifs, les « stériles », sont stockées à l’air libre. La société civile nigérienne, via l’association Aghir In Man ou le réseau Rotab, ont tenté d’alarmer Areva et les responsables politiques nigériens sur la question. En vain. A ce jour, rien n’a été fait pour revoir la gestion de ces sites uranifères, selon le collectif Areva ne fera pas la loi au Niger.

Il n’y a pas que la contamination radioactive qui pose problème. Areva, et d’autres industries minières, contribuent à la désertification du pays. « L’économie pastorale est en train de disparaître dans le Nord du Niger, région où s’installent les miniers du monde entier. On va vers une catastrophe environnementale et économique », prévient l’hydrogéologue Alain Joseph. L’élevage extensif - principale source de revenus d’un des Etats les plus pauvres de la planète - mené par les Touaregs, les Peulhs et les tribus arabes Kounta dans l’immense plaine de l’Irhazer est fortement remis en cause par l’assèchement des nappes phréatiques d’Agadez (nord du Niger), seule ressource en eau de la région. La cause de leur épuisement ? L’octroi de concessions minières : 139 permis de recherche et d’exploitation ont été vendus en moins d’un an. L’eau des nappes est acheminée vers des mines de charbon qui alimente en électricité les installations d’Areva à Arlit.

Un comportement prédateur

A Akokan et Arlit, les sociétés Cominak et Somaïr, dont Areva est l’opérateur, ont déjà épuisé à 70% l’aquifère carbonifère au nord du Tarat, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans. Ces deux sociétés envisagent d’utiliser un pipeline de 30 km et de déplacer leurs pompages vers l’ouest, dans la nappe des grès d’Agadez. « C’est significatif du comportement prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert, s’insurge Alain Joseph. Non content d’avoir vidé l’aquifère du Tarat, Areva s’installe maintenant à Imouraren. Bien d’autres pays, la Chine, le Canada, l’Inde, l’Australie, se ruent sur les ressources du sous-sol nigérien. Nous allons assisté à un assèchement rapide de cette nappe. Comment vont vivre les pasteurs si les sources sont épuisées ? Comment vont-ils se déplacer dans un univers qui va être maintenant essentiellement minier ? »

Côté face : L’uranium nigérien sert à alimenter les centrales nucléaires françaises

Côté pile : Désertification et absence de partage des richesses au Niger (Crédit : Areva ne fera pas la loi au Niger)

« Ce que nous voulons c’est l’arrêt de l’exploitation des mines d’uranium. Seul le régime en profite, le peuple nigérien lui ne profite que de la misère et des radiations ». Pour Aghali Mahiya, Touareg du Niger et ancien salarié de la Somaïr, filiale nigérienne d’Areva, la population ne bénéficie d’aucune retombée économique. Bien que l’exploitation d’Imouraren fasse du Niger le deuxième producteur mondial d’uranium, le pays est encore classé parmi les trois plus pauvres de la planète et figure à la dernière place de l’Indicateur de développement humain. De son côté, Areva a tiré du Niger près de 40 % de sa production d’uranium depuis 40 ans. Sans ce précieux combustible, jamais la multinationale n’aurait pu se développer ni le nucléaire français fonctionner. Pas question, pour autant, de favoriser le développement du pays.

« Le peuple nigérien ne profite que de la misère et des radiations »

Pour Myrtho, président d’une association au Nord-Niger, le partage des richesses n’existe pas. « J’ai rencontré Issouf ag Maha, le maire de Tchirozerine au Niger. Areva lui a demandé une liste de gens intéressés pour travailler pour Areva. M. le Maire a fait une liste de 800 personnes avec leur nom, leur adresse... mais à ce jour aucune de ces personnes n’a été embauchée par Areva. » La multinationale pèse plus de 13 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2008. L’Etat nigérien, lui, voit son produit intérieur brut plafonner à 2,7 milliards d’euros en 2007. Soit cinq fois moins que le groupe dirigé par Anne Lauvergeon (en photo). Comment rivaliser ? Surtout quand, derrière Areva, on trouve l’Etat français.

La poursuite de l’exploitation d’uranium au Niger s’établit sur le fond d’ « une très grave crise institutionnelle », rappelle Olivier Thimonnier de l’association Survie. En mai dernier, le président Tandja annonce l’organisation d’un référendum en vue d’un changement constitutionnel afin de prolonger son mandat. S’ensuit la dissolution de la cour constitutionnelle et de l’Assemblée nationale qui jugent le projet de référendum inconstitutionnel. En juin, alors que Tandja s’arroge les pleins pouvoirs, le Quai d’Orsay se contente de rappeler « [l’importance que la France attache au cadre constitutionnel du Niger, à la préservation de l’acquis démocratique de ce pays et à sa stabilité. » Le référendum est organisé le 4 août, et malgré la forte opposition des syndicats, des partis et d’une partie de la société civile, le Niger finit par adopter une 6e Constitution. Dans l’indifférence presque totale des médias français [1].

Areva, outil de la Françafrique ?

Le 20 octobre, Tandja organise des élections législatives. Il est isolé sur la scène politique intérieure : l’ensemble de la société civile, des centrales syndicales et son propre parti, divisé, s’y sont opposés. Il est la cible de critiques internationales : gel partiel de la coopération de l’UE avec le Niger, suspension du Niger par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, mesures à venir de l’Union africaine. Seule la France reste silencieuse. « Le 10 août, le ministère des affaires étrangères déclare que la France est attentive à l’élection, qu’elle doit être transparente et démocratique. Ceci valide la réforme de la Constitution par le président Tandja, analyse Olivier Thimonnier. Cette position française est le résultat de la défense d’intérêts économiques clairement liés aux intérêts d’Areva au Niger. Elle s’inscrit dans le prolongement de la politique d’indépendance énergétique de la France lancée par le Général de Gaulle dans les années 60. »

Une indépendance énergétique qualifiée de « parfaitement virtuelle » par Johnny Da Silva du Réseau Sortir du Nucléaire. « La France importe 100 % de son uranium pour 80 % de son électricité. C’est sans compter les transports de matières radioactives sur des milliers de kilomètres. » « Quand on nous explique que le nucléaire est une énergie propre, c’est un mensonge à plusieurs niveaux, poursuit le Député Vert Noël Mamère. Ce n’est ni une énergie renouvelable, ni une énergie propre mais bien une énergie sale dans sa contribution à soutenir les réseaux de la Françafrique et les régimes dictatoriaux. » Le Collectif Areva ne fera pas la loi au Niger demande à toutes les parties impliquées un moratoire sur l’extraction minière. En attendant l’hypothétique appui de ce moratoire par le gouvernement français, les choix énergétiques de ce dernier continuent d’avoir de désastreuses conséquences… loin de nos vertes campagnes.

Sophie Chapelle

Notes

[1] Ce qui n’est pas le cas quand ce genre de référendum se passe en Amérique latine, en Bolivie ou au Venezuela par exemple. On peut s’interroger sur ce deux poids, deux mesures...

29 avr 2009

Charlie Hebdo - Le lobbying d'Areva pour l'uranium du Niger

L’indépendance énergétique française repose sur le nucléaire, mais aussi sur des amitiés avec des pays pas toujours fréquentables. Par exemple, le Niger, principal fournisseur de l’uranium utilisé dans les centrales françaises. Charlie a obtenu des preuves sur les tueries commises par les autorités de ce pays.

Notre enquête révèle les détails des prochaines actions de lobbying que compte entreprendre l’industriel français du nucléaire, Areva, pour faire oublier les origines politiques de cet uranium.

Au cours de notre enquête. Nous avons appris que le groupe Areva prépare pour le 25 mai une conférence de presse commune avec l’ONG Sherpa, une organisation spécialisée dans la défense des droits de l’Homme, fondée par l’avocat William Bourdon. A cette occasion, les dirigeants de Sherpa et d’Areva rendront publique la signature d’une convention pour la mise en place d’observatoires sanitaires et sociaux, d’abord au Gabon, puis éventuellement au Niger. Une manière pour l’industriel de donner des gages de sa bonne volonté. L’ONG garantira l’indépendance du dispositif.

Selon nos informations, le 4 avril dernier, Sherpa et Areva sont parvenus à un texte qui les a satisfaits. Interrogé sur ce partenariat, Yann Queinnec, le directeur de Sherpa, a refusé de commenter cette information, tout en confirmant l’existence de ces discussions.

Lire la suite

12 mar 2009

NIGER • Areva accusé de toutes parts

Courrier international. hebdo n° 958 - 12 mars 2009 10.png

Le groupe français exploite depuis quarante ans des mines d’uranium à Arlit. Si sa présence est un atout pour l’économie locale, elle laisse cependant à désirer sur le plan de l’environnement.

Areva est le groupe nucléaire français qui construit en ce moment des centrales dans toute l’Europe et doit piloter le développement du nucléaire britannique. Depuis quarante ans, il exploite les mines d’uranium du nord du Niger à partir de sa base d’Arlit. Quand on entre dans la ville, on a un peu l’impression d’être dans un film de série B des années 1950 sur la fin du monde. Arlit est entourée d’un désert formé non pas des belles dunes ondoyantes des magazines de voyage, mais d’une vaste plaine aride balayée par les tempêtes de poussière orange venues du Sahara.

Les 2 000 employés de la mine vivent dans des pavillons entretenus par l’entreprise, dans des rues bien ordonnées, et disposent d’eau courante propre et d’électricité. Au menu du club-house figurent des plats français tels que le magret de canard. Il y a des écoles, un hôpital et des terrains de sport où tout le monde est censé pouvoir jouer au football, une installation invraisemblable au milieu du désert. Mais ces équipements ne sont ouverts qu’aux familles des mineurs et aux fonctionnaires en poste dans la ville.

Lire la suite

9 jan 2009

Afrik.com : "Areva, maître de la plus grande mine d’uranium d’Afrique"

La société civile nigérienne parle d’une convention d’exploitation désavantageuse pour le pays arton16046.jpg

Le groupe nucléaire français et le gouvernement nigérien ont signé, lundi, une convention octroyant à Areva le droit d’exploiter le gisement d’uranium d’Imouraren, le plus grand, de toute l’Afrique. Un projet qui devrait démarrer en 2012 et permettre au Niger de se placer au deuxième rang mondial des producteurs. Toutes ces bonnes perspectives laissent, tout de même, certains Nigériens sceptiques.


jeudi 8 janvier 2009, par Stéphane Ballong © afrik.com


Il s’agirait du plus grand projet industriel minier jamais envisagé au Niger, selon Areva. Le groupe nucléaire français vient de se voir attribuer un permis d’exploitation de la mine d’Imouraren, le plus grand gisement d’uranium de toute l’Afrique. Anne Lauvergeon, la présidente du directoire du groupe nucléaire français a conclu, lundi, avec le gouvernement nigérien une convention dans ce sens.

Selon les termes de cet accord, une société d’exploitation va être créée et sera détenue à 66,65 % par le groupe français et à 33,35% par le Niger. Un peu plus de 1,2 milliard d’euros (800 milliards de francs CFA) seront débloqués pour le lancement de ce projet d’Imouraren. La nouvelle compagnie devrait démarrer ses activités en 2012, avec une production annuelle estimée, à terme, à 5 000 tonnes pendant plus de 35 ans. Et l’Etat nigérien pourra extraire et commercialiser 33,35% de cette production par le biais de la société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN).

Lire la suite

3 dec 2008

"La Françafrique au secours de l'uranium" d'Imouraren : Areva propose d'aider Tandja à "mater la rébellion touarègue"

Dans ses communiqués officiels, le groupe Areva a souvent tendance à mettre la charrue avant les boeufs. Aussi, la mise en place du projet d'uranium géant d'Imouraren est loin d'être acquise pour Areva. Les négociations toujours en cours, via Thierry d'Arbonneau, sont âpres et compliquées entre le "fleuron français" et le président nigérien. A ce sujet, lisez la Lettre du Continent du 2 octobre 2008.

Le 5 novembre 2008, le Canard EnchaĂ®nĂ© publiait un article des plus instructifs, intitulĂ© "La Françafrique au secours de l'uranium" rapportant les propos du super-nĂ©gociateur d'Areva au Niger au cours du colloque "SĂ©curitĂ© Ă©conomique", organisĂ© par le MEDEF (en prĂ©sence notamment de Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intĂ©rieur français) :

« L'amiral (Ă  la retraite) Thierry d'Arbonneau, dĂ©lĂ©guĂ© par son groupe au Niger (qui regorge d'uranium), s'est catĂ©goriquement Ă©levĂ© contre toute rĂ©glementation des sociĂ©tĂ©s privĂ©es de renseignement et de sĂ©curitĂ©. Ce qui compliquerait, Ă  l'en croire, la tâche d'entreprises comme la sienne.
L'Etat français ferait mieux, a-t-il ajoutĂ©, de donner aux autoritĂ©s nigĂ©riennes les moyens de mater la rĂ©bellion des Touareg, « ces hommes en bleu qui font rĂŞver les hommes et chavirer le cĹ“ur des femmes mais ne sont qu'une illusion ». Explication de cette sortie : Areva nĂ©gocie actuellement le droit d'exploiter le gisement gĂ©ant d'Imouraren. Les prix du marchĂ© et la concurrence chinoise aidant, le prĂ©sident nigĂ©rien, Mamadou Tandja, a dĂ©jĂ  obtenu qu'Areva triple son prix d'achat du minerai. Mais il souhaiterait aussi un coup de main français pour combattre les Touareg, qui, dans le nord du pays, rĂ©clament un territoire et une part du gâteau minier. Le site est donc peu tranquille, et Areva a besoin de sĂ©curitĂ© (publique ou privĂ©e) afin de repousser ces arrogants «hommes bleus» qui voudraient nous empĂŞcher de creuser leur terre... J.-F. J. »

Suite Ă  cet article, aucune rĂ©action publique de la part du directoire d'Areva. Pourtant, les propos de son Directeur de la protection du patrimoine et des personnes constituent une provocation publique Ă  la violence et une injure, Ă  raison de l'appartenance raciale ou ethnique ; ils portent indĂ©niablement atteinte Ă  l'honneur et Ă  la dignitĂ© des populations touarègues et du Niger en gĂ©nĂ©ral et attentent Ă  leurs aspirations Ă  la paix et Ă  l’unitĂ© nationale. De tels propos sont interdits et incriminĂ©s par les lois françaises. Ils contreviennent Ă©galement Ă  la « Charte des valeurs du groupe Areva » en vertu de laquelle, tant le groupe que l’ensemble de ses salariĂ©s s’engagent Ă  respecter le droit international des droits de l’homme en gĂ©nĂ©ral, et la dignitĂ© humaine en particulier.

A dĂ©faut de dĂ©menti ou d’excuses, nous avons tout juste pu constater que, dans la semaine qui a suivi la publication de l’article du « Canard EnchaĂ®nĂ© », l’identitĂ© de M. d’Arbonneau avait disparu du programme du colloque du MEDEF pour ĂŞtre insidieusement remplacĂ©e par un certain « ZĂ©phirin DiabrĂ©, Directeur Afrique et Moyen-Orient du Groupe Areva » ; ce changement de programme mesquin et ridiculement tardif vaut un aveu masquĂ© de culpabilitĂ©.

Programme d'origine (sur le site du MEDEF) :

Programme modifiĂ© (sur le mĂŞme site, quelques jours après la publication du Canard EnchaĂ®nĂ©) :

15 juil 2008

Afrique sans chaînes n°3


13 juil 2008

AFP : Plusieurs milliers de manifestants antinucléaires à Paris

Plusieurs milliers de manifestants antinucléaires se sont rassemblés samedi après-midi place de la République à Paris pour protester contre les projets nucléaires du gouvernement à la veille du sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée. Les manifestants étaient au nombre de 7.000, selon le réseau Sortir du Nucléaire. La préfecture n'avait pas encore rendu public son estimation en milieu d'après-midi.

12juillet.jpg

"Sarkozy a invité les chef d'Etat européens et méditerranéens avec l'objectif de vendre du nucléaire à toute la planète", a estimé Alain Rivat, porte-parole de Sortir du Nucléaire, dans une allocution au début de la manifestation. Une délégation européenne d'opposants à l'énergie nucléaire était présente, venus de Finlande, d'Autriche, d'Allemagne, d'Irlande, des Etats-Unis et du Niger. "Nous contestons formellement les allégations de M. Sarkozy et ses dirigeants du nucléaire en général qui prétendent que le nucléaire permettrait de lutter contre le réchauffement climatique", avait déclaré peu avant déclaré Stéphane Lhomme, autre porte-parole de Sortir du Nucléaire, lors d'une conférence de presse avant la manifestation. "Nous contestons aussi que cela permette de protéger la France de la montée du prix de l'énergie. Il suffit de voir les pêcheurs, les routiers, les automobilistes: tout le monde est finalement frappé de plein fouet par la montée du prix de l'énergie", a-t-il ajouté.

Dans le nord du Niger, l'extraction de l'uranium aura pour conséquence "la destruction totale du cadre de vie des populations", a déclaré pour sa part Issouf Maha, maire de Tchirozérine, située en territoire touareg dans le nord du pays. Selon l'édile nigérien, 60% des 40.000 km2 que couvre sa commune ont été vendus à des compagnies d'extraction de minerai. Avec l'EPR, "les Finlandais servent de cobayes pour une technologie radicalement nouvelle", s'est inquiétée de son côté la Finlandaise Angela Oker-Blom, du Réseau international des artistes pour un avenir propre, qui a aussi dénoncé les effets sur l'environnement de la recherche d'uranium dans son pays par Areva.

AFP 12 juillet 2008

10 juil 2008

Populations du Nord Niger: entre intérêt économique et état d'exception abusif

Champ libre" dans le dernier numéro de "Rouge"

une-2260.jpg

15 mai 2008

NIGER. Menaces sur la paix. Pendant ce temps, les affaires continuent...

Dans "Billets d’Afrique et d’ailleurs" de mai 2008

Moussa Tchangari, directeur du groupe Alternatives Espace Citoyen, est une des personnalités les plus en vue de la société civile nigérienne. Son passage en France, à l’invitation de Survie a été l’occasion de mieux cerner le contexte qui prévaut au Niger, et qui a vu naître l’an dernier, un mouvement de contestation armée, dont les contours ne sont pas toujours faciles à définir...

Par Sebastian Alzarreca, association Survie

Pour consulter le PDF de cet article, cliquez ICI

11 avr 2008

Rouge n° 2247, Nord du Niger : Un peuple pillé, une région menacée

une-2247.jpg

Rouge n° 2247, 10/04/2008

Un peuple pillé, une région menacée

Depuis plusieurs mois, une rébellion, composée essentiellement de Touaregs du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), a démarré dans le nord du Niger, en réaction à un gigantesque projet minier conduit, notamment, par le groupe français Areva.



La vaste région du nord du Niger détient d’importantes mines d’uranium, dont deux sont exploitées, depuis 40 ans, par Areva. La rébellion d’aujourd’hui a démarré suite à l’octroi de 122 permis de recherche et d’exploitation de l’uranium dans une zone de transit crucial pour les Touaregs (voir la carte ci-jointe). Cette zone, immense comme deux fois l’Auvergne, est maintenant défendue par l’armée nigérienne qui protège les intérêts d’Areva, principal bénéficiaire des permis d’exploitation. Elle recouvre une immense nappe aquifère souterraine fossile, donc non renouvelable, et des zones humides écologiquement très fragiles, indispensables à la survie des populations agro-pastorales autochtones. 

État d’exception

Avec l’assentiment tacite de la France, le président du Niger, Mamadou Tandja, refuse de négocier avec le MJN et a donné les pleins pouvoirs à l’armée nigérienne sur la région d’Agadez. L’état d’exception y a été décrété, avec son cortège d’exécutions sommaires ciblées, d’arrestations arbitraires, de destruction des moyens de subsistance des nomades (cheptel abattu, activités agricoles rendues impossibles, approvisionnements restreints…), de déplacements de populations, d’interdiction d’ONG, de contrôle des radios et de la presse.

L’ampleur de la rĂ©pression laisse, en rĂ©alitĂ©, peu de choix aux populations, essentiellement touaregs dans cette partie du Niger. MĂŞme les plus modĂ©rĂ©s sont amenĂ©s Ă  prendre les armes pour assurer la survie de leur communautĂ© de plus de 400 000 membres. Ainsi, le ralliement d’Issouf Ag Maha, maire d’une commune dans laquelle il a initiĂ© des projets d’agriculture biologique, intellectuel reconnu et rĂ©putĂ© jusqu’ici comme pacifiste, est un coup dur pour le pouvoir, car il montre que les rebelles sont bien autre chose que des « bandits armĂ©s » ou une « bande de trafiquants » comme le prĂ©tend le pouvoir.

La situation des droits humains est extrêmement préoccupante au nord du Niger, et il faut qu’une mobilisation la plus large possible se mette en place pour faire cesser la répression féroce, en particulier les exécutions sommaires et les nombreuses arrestations arbitraires attestées par Amnesty International et Human Rights Watch. L’épisode de l’arrestation de deux journalistes français, qui ont cherché à entrer en contact avec le MNJ, en dit long sur la volonté d’opacité du gouvernement qui cherche à camoufler ses exactions. Moins médiatisé, l’emprisonnement du journaliste correspondant de Radio France internationale, Moussa Kaka, en prison au Niger depuis six mois pour avoir eu, dans le cadre de son travail, des contacts avec la rébellion touareg, a fait l’objet d’un nouvel appel de Reporters sans frontières.

Le gouvernement français, s’il souhaitait rĂ©ellement rompre avec le système de la « Françafrique », aurait  dĂ©jĂ  dĂ» interrompre son aide logistique au gouvernement nigĂ©rien. Une convention avec le Niger lui permet, en effet, l’envoi de matĂ©riel et de « conseillers ».

Force est de constater, une nouvelle fois, que le lobby international du nuclĂ©aire s’accommode mal de la dĂ©mocratie. Tous les projets nuclĂ©aires rĂ©cents se dĂ©veloppent dans des pays qui bafouent autant les droits de l’homme que l’environnement : la Chine, la Libye (avec les ventes d’EPR), et maintenant ce projet minier pharaonique au nord du Niger qui risque de transformer une fragile et prĂ©cieuse rĂ©gion en une vaste poubelle nuclĂ©aire.

Naissance d’un collectif

Un collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger » a Ă©tĂ© crĂ©Ă©. Il est dĂ©jĂ  soutenu par Attac, le Cedetim, le Collectif Tchinaghen1, la LCR, les Verts, le rĂ©seau Sortir du nuclĂ©aire, Sud-Ă©nergie, Survie, Via campesina. Ses revendications s’articulent autour de deux axes. D’abord, l’arrĂŞt de la rĂ©pression, le respect des droits humains et une action en faveur d’un retour rapide à la paix. Ensuite, un moratoire sur tous les nouveaux projets miniers, tant que tous les problèmes liĂ©s Ă  ce type d’exploitation n’auront pas Ă©tĂ© rĂ©solus (expertises et contrĂ´les sanitaires, Ă©tudes d’impact sur l’eau, dĂ©pollution  des  sites  dĂ©jà  ex­ploitĂ©s, gestion de l’après-mine, etc.).

Dette financière et écologique

Ce collectif espère s’élargir à de nombreux autres soutiens, dans une perspective de solidarité internationale pour le respect des droits des peuples autochtones et des travailleurs. Un appel spécifique en direction des confédérations syndicales est prévu, à l’initiative des militants du syndicat Sud-énergie. Les différentes actions prévues (expositions photo, tournées dans les sites français d’extraction, brochures et affiches, projections…) s’inscrivent dans une logique de mise en cause d’Areva par un procès citoyen.

La question de l’extraction de l’uranium est une Ă©pine dans le pied du lobby nuclĂ©aire, Ă©pine que nous comptons bien enfoncer le plus profondĂ©ment possible. La question du partage des richesses se pose de façon criante au Niger : « Dans cette zone, les populations ne sont que des victimes, exclues des bĂ©nĂ©fices des richesses exploitĂ©es », a estimĂ© Rhissa Feltou, conseiller municipal d’Agadez, lors de la confĂ©rence du 25 mars Ă  l’AssemblĂ©e nationale française (lire encadrĂ©). Après quarante ans d’exploitation de l’uranium par Areva, payĂ© Ă  un prix très infĂ©rieur Ă  celui du cours mondial, les NigĂ©riens sont toujours aussi pauvres. Le pays est parmi les plus pauvres du monde, alors qu’Areva distribue ses milliards d’euros de profit Ă  ses actionnaires. Payer quarante ans l’uranium Ă  un prix nettement infĂ©rieur au prix du marchĂ© est un vol manifeste, mĂŞme selon les critères capitalistes. Areva – et donc l’État français qui en est l’actionnaire majoritaire – a vĂ©ritablement spoliĂ© le peuple nigĂ©rien. Et ce n’est pas la lĂ©gère revalorisation, intervenue en 2007, qui amĂ©liorera les choses, car un vĂ©ritable système de rĂ©cupĂ©ration de la manne de l’uranium semble s’être mis en place, dans l’entourage du prĂ©sident nigĂ©rien. Ă€ la dette Ă©cologique, liĂ©e aux dĂ©gâts de l’extraction, s’ajoute donc une dette financière d’Areva envers le peuple nigĂ©rien. Au-delĂ  du nĂ©cessaire partage immĂ©diat des richesses, il est aussi important de souligner, pour rĂ©pondre Ă  Areva qui prĂ©tend apporter le « progrès » au Niger, qu’un autre dĂ©veloppement serait possible. Les trois milliards d’euros qu’Areva compte investir pour Ă©ventrer le Niger et souiller ses nappes phrĂ©atiques pourraient, par exemple, servir Ă  lancer une vĂ©ritable industrie de production de panneaux solaires, laquelle permettrait de concilier dĂ©veloppement Ă©conomique, environnement et accès Ă  l’énergie. Ă€ titre d’exemple, le projet alternatif Ă  l’EPR en France, prĂ©sentĂ© par le rĂ©seau Sortir du nuclĂ©aire, montrait qu’avec un somme Ă  peu près Ă©quivalente (un peu plus de trois milliards d’euros), il Ă©tait possible de crĂ©er plus de dix mille emplois pĂ©rennes, soit six fois plus que ce qui est prĂ©vu par Areva2.

Il s’agit donc de la sauvegarde d’un peuple dont les fragiles conditions de survie sont mises en pĂ©ril par Areva, symbole du pillage impĂ©rialiste Ă  la française. Imposons l’arrĂŞt de ce pillage, en commençant par exiger le paiement de l’uranium Ă  un prix correspondant au prix du cours mondial et en demandant la crĂ©ation d’un fonds de dĂ©dommagement des prĂ©judices causĂ©s. Il faut, de plus et surtout, s’opposer Ă  ce qu’Areva commence un nouveau projet avant d’avoir rĂ©parĂ© les immenses dĂ©gâts qu’elle a crĂ©Ă©s, notamment dans la rĂ©gion d’Arlit (lire encadrĂ©). La LCR engage toute son Ă©nergie, dans le collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger », pour que le peuple nigĂ©rien, en particulier les Touaregs du nord du Niger, ait un autre avenir que l’horizon radioactif qu’Areva lui prĂ©pare.

La région d’Arlit

Depuis près de quarante ans, Areva, via deux filiales, exploite, près d'Arlit, à 150 kilomètres d’Agadez, une gigantesque mine à ciel ouvert. Au fur et à mesure que les mines d’uranium en France ont été fermées, le chantier d’Arlit a grossi. Les poussières radioactives, issues des montagnes de résidus, plongent la ville dans une atmosphère suffocante, provoquant la contamination des eaux et la destruction de la faune et de la flore à des dizaines de kilomètres autour des mines. Des ferrailles contaminées sont abandonnées. En 2003, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), lors d’une mission au Niger, et malgré la confiscation de son matériel, a pu observer une contamination radioactive généralisée dans l’air et l’eau, ainsi que sur les ferrailles récupérées par les habitants1. L’épuisement d’une des deux grandes nappes phréatique de la région, à hauteur de 70 %, est également préoccupant. À moyen terme, son irréversibilité est prévisible, ce qui rendra la vie purement et simplement impossible dans cette région. Il y a, de plus, de nombreuses pollutions annexes, essentiellement dues aux activités périphériques comme celles des carrières de charbon et des centrales thermiques. L’hôpital qui effectue les diagnostics étant géré par Areva, il n’y a aucun moyen de connaître réellement l’impact sur la santé des populations et des travailleurs. Mais le pire est à craindre.

1. Voir www.criirad.org/actualites/dossiers2005/niger/somniger.html

Une conférence qui dérange

Le 25 mars, s’est tenue une confĂ©rence de presse Ă  l’AssemblĂ©e nationale française, afin d’attirer l’attention de l’opinion sur la dramatique situation humanitaire du Niger et pour marquer le lancement de la campagne du Collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger ». Deux Ă©lus touaregs de la rĂ©gion d’Agadez, Issouf Maha et Rhissa Feltou, ont tĂ©moignĂ© de la gravitĂ© de la situation. Les populations civiles du nord du Niger subissent les affres d’une guerre menĂ©e par le gouvernement et destinĂ©e Ă  protĂ©ger les intĂ©rĂŞts des entreprises minières. L’objectif de la confĂ©rence Ă©tait de porter la situation au nord du Niger au cĹ“ur du dĂ©bat sur les exploitations minières des grandes puissances dans les pays du Sud, et d’interpeller la France qui, Ă  travers Areva, exploite l’uranium nigĂ©rien depuis 40 ans, fermant les yeux sur les consĂ©quences dĂ©sastreuses de cette industrie. Pour faire diversion, une rĂ©union ouverte Ă  la presse Ă©tait organisĂ©e, au mĂŞme moment, dans un bureau voisin, par le groupe parlementaire d’« amitiĂ© France-Niger ». Au moins une journaliste, pensant venir Ă  notre initiative, s’est retrouvĂ©e face Ă  la propagande d’Areva qui avait postĂ© un de ses cerbères Ă  l’entrĂ©e pour contrĂ´ler l’accès de la salle. Autre « coĂŻncidence », le porte-parole du rĂ©seau Sortir du nuclĂ©aire, StĂ©phane Lhomme, Ă©tait convoquĂ©, le mĂŞme jour, dans les locaux de la DST concernant l’affaire, qu’on croyait oubliĂ©e, de la vulnĂ©rabilitĂ© de l’EPR.

Laurent Grouet

Notes

1. www.tchinaghen.org

2. Voir la brochure (PDF) « Un courant alternatif pour le Grand Ouest »

Colonialisme nucléaire et spoliation des terres agropastorales touarègues au Niger (d'après DAO collectif de Tchinaghen)

27 mar 2008

Des Ă©lus Touaregs interpellent Areva

Extrait de l'Humanité, édition du 26 mars 2008

Niger . Des organisations ont dénoncé hier les conditions dans lesquelles la compagnie française exploite plusieurs mines d’uranium.

huma.jpg

« Nous sommes venus porter le message d’une population en dĂ©tresse », a rĂ©sumĂ© Issouf Ag Maha, maire de TchirozĂ©rine, dans le nord du Niger. Ă€ l’occasion d’une confĂ©rence de presse organisĂ©e hier Ă  l’AssemblĂ©e nationale par un collectif d’associations, plusieurs intervenants ont rappelĂ© les difficultĂ©s causĂ©es dans cette rĂ©gion par quarante ans d’expoitation de l’uranium par la compagnie Areva.

Selon l’hydrogĂ©ologue Alain Joseph, qui Ă©voque, « une très grande nĂ©gligence dans le traitement des eaux usĂ©es », les ressources en eau ont Ă©tĂ© affectĂ©es par la prĂ©sence de nitrates et de phosphates. Au niveau quantitatif, les deux tiers d’une des deux rĂ©serves d’eau ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© vidĂ©s et l’autre est menacĂ© d’être utilisĂ© par les industriels. « Dans cette zone, les populations ne sont que des victimes, exclues des bĂ©nĂ©fices des richesses exploitĂ©es », a estimĂ© Rhissa Feltou, conseiller municipal d’Agadez.

Le contexte international, marqué par le recherche d’énergies alternatives au pétrole, risque d’agraver cette situation. Désormais, Areva n’est plus seul. Indiens, Sud-Africains, Canadiens et surtout Chinois sont entrées dans la compétition pour le précieux minerai. Cette perte de monopole, dans un contexte de hausse mondiale des cours de l’uranium, est une des raisons qui a contraint la compagnie française, après des mois de tensions, à augmenter en janvier ses tarifs de 50 %.

En Ă©change, Areva avait gagnĂ© le droit d’exploiter le site prometteur d’Imouraren. Elle ajoutait ainsi son nom Ă  une liste de plus de 130 permis de recherche et d’exploitation vendus depuis un an par le gouvernement nigĂ©rien, selon le chiffre d’Issouf Ag Maha , qui constate qu’en superposant leur superficie « il n’y a plus de place pour les populations ».

Ce contexte est encore agravé par la guerre que mène le gouvernement nigérien contre le Mouvement des nigériens pour la justice (MNJ), rébellion qui revendique notamment pour le nord du Niger une part plus importante des revenus tirés de l’uranium. Depuis l’apparition, début 2007, de ce mouvement, le pouvoir a refusé de négocier, optant pour un conflit dont les civils sont les principales victimes. Un choix stratégique dont certains pensent qu’il n’est pas sans liens avec la volonté de garder le contrôle des concessions d’uranium à distribuer.

Le «nucléaire sale» d'Areva au Nord Niger

Le «nucléaire sale» d'Areva au Nord Niger

Mediapart du 26 mars 2008, par Pierre Puchot

Le collectif Tchinagen dénonce les méthodes d'extraction de l'uranium par la société Areva dans la région d'Agadez, qui menaceraient la survie des populations locales. (Article réservé aux abonnés)




Issouf Maha
envoyé par Mediapart


Une tribune à l'Assemblée pour Areva

Mediapart du 26 mars 2008, par Mathilde Mathieu

A l'AssemblĂ©e nationale, alors que les Verts organisaient mardi 25 mars une confĂ©rence de presse pour dĂ©noncer les conditions d'exploitation des mines d'uranium au Niger par l'entreprise Areva ( "spoliation des terres", "contamination de l'air et des ressources en eau", etc.), le prĂ©sident du groupe d'amitiĂ© parlementaire France-Niger, le dĂ©putĂ© centriste Marc Vampa, a offert une tribune au spĂ©cialiste hexagonal du nuclĂ©aire. Pour contrer l'opĂ©ration concoctĂ©e par l'Ă©cologiste NoĂ«l Mamère, Marc Vampa avait rĂ©servĂ© un bureau mitoyen. Ordre du jour, d'après l'agenda officiel: "l'audition des dirigeants du groupe Areva". En fait, il a d'emblĂ©e offert la parole au porte-parole de la sociĂ©tĂ©, qualifiĂ©e de "partenaire durable du Niger". A ses cĂ´tĂ©s, deux dĂ©putĂ©s seulement, sur une trentaine de membres inscrits au groupe : Michel Terrot (UMP), "avocat soucieux du principe du contradictoire", ayant toujours "prĂ©fĂ©rĂ© qu'Areva fasse des affaires lĂ -bas plutĂ´t que ses concurrents indiens ou chinois" ; et Françoise Banget (UMP), attrapĂ©e quelques secondes plus tĂ´t dans les couloirs, muette...
"L'audition" a duré une heure, sans une question de la part des élus. L'entreprise a pu dérouler son argumentaire, déployer les chiffres de ses investissements humanitaires (écoles pour enfants nomades, hôpitaux, etc.). De l'autre côté du mur, des représentants d'ONG internationales et des rebelles touaregs (le Mouvement des Nigériens pour la justice) demandaient un moratoire et lançaient une pétition intitulée: "Areva ne fera pas la loi au Niger"...
Quelques minutes avant la fin, Noël Mamère a fait irruption, côté parlementaires: "Areva se comporte en vautour; le nouveau contrat d'exploitation, tout juste signé avec le gouvernement nigérien, ne prévoit pas de véritables contreparties sociales ni garanties environnementales. Je m'étonne par ailleurs de n'avoir pas reçu d'invitation à cette audition, alors que je suis membre du groupe!".
A la sortie, Michel Terrot s'indignait: "Ce qui est choquant, c'est qu'un député puisse inviter, dans l'enceinte même de la représentation nationale, des porte-voix d'un groupe rebelle armé". Et d'accuser son collègue Mamère de "complicité"...