jeu 27 mar 2008

Des élus Touaregs interpellent Areva

27 03 2008

Extrait de l'Humanité, édition du 26 mars 2008

Niger . Des organisations ont dénoncé hier les conditions dans lesquelles la compagnie française exploite plusieurs mines d’uranium.

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« Nous sommes venus porter le message d’une population en détresse », a résumé Issouf Ag Maha, maire de Tchirozérine, dans le nord du Niger. À l’occasion d’une conférence de presse organisée hier à l’Assemblée nationale par un collectif d’associations, plusieurs intervenants ont rappelé les difficultés causées dans cette région par quarante ans d’expoitation de l’uranium par la compagnie Areva.

Selon l’hydrogéologue Alain Joseph, qui évoque, « une très grande négligence dans le traitement des eaux usées », les ressources en eau ont été affectées par la présence de nitrates et de phosphates. Au niveau quantitatif, les deux tiers d’une des deux réserves d’eau ont déjà été vidés et l’autre est menacé d’être utilisé par les industriels. « Dans cette zone, les populations ne sont que des victimes, exclues des bénéfices des richesses exploitées », a estimé Rhissa Feltou, conseiller municipal d’Agadez.

Le contexte international, marqué par le recherche d’énergies alternatives au pétrole, risque d’agraver cette situation. Désormais, Areva n’est plus seul. Indiens, Sud-Africains, Canadiens et surtout Chinois sont entrées dans la compétition pour le précieux minerai. Cette perte de monopole, dans un contexte de hausse mondiale des cours de l’uranium, est une des raisons qui a contraint la compagnie française, après des mois de tensions, à augmenter en janvier ses tarifs de 50 %.

En échange, Areva avait gagné le droit d’exploiter le site prometteur d’Imouraren. Elle ajoutait ainsi son nom à une liste de plus de 130 permis de recherche et d’exploitation vendus depuis un an par le gouvernement nigérien, selon le chiffre d’Issouf Ag Maha , qui constate qu’en superposant leur superficie « il n’y a plus de place pour les populations ».

Ce contexte est encore agravé par la guerre que mène le gouvernement nigérien contre le Mouvement des nigériens pour la justice (MNJ), rébellion qui revendique notamment pour le nord du Niger une part plus importante des revenus tirés de l’uranium. Depuis l’apparition, début 2007, de ce mouvement, le pouvoir a refusé de négocier, optant pour un conflit dont les civils sont les principales victimes. Un choix stratégique dont certains pensent qu’il n’est pas sans liens avec la volonté de garder le contrôle des concessions d’uranium à distribuer.