19 nov 2008

"On peut difficilement citer un exemple oĂč la prĂ©sence de ressources en Afrique n’a pas Ă©tĂ© une malĂ©diction totale"

idlp.gifUranium, vers une nouvelle malédiction ?

La récente ruée sur l'uranium subsaharien bouleverse les monopoles de jadis. Des sociétés canadiennes, américaines, chinoises, sud africaines, indiennes remettent en cause la répartition des gisements nigériens. Majoritairement concentrées au Niger (lire Bataille pour l'uranium au Niger, d'Anna Bednik, Le Monde Diplomatique, juin 2008) et en Namibie, respectivement troisiÚme et sixiÚme producteurs mondiaux, les réserves d'uranium d'Afrique subsaharienne se retrouvent aujourd'hui au centre du phénomÚne de renaissance nucléaire et d'une spirale des prix qui a vu croßtre le coût de la livre d'oxyde d'uranium de prÚs de 1000% durant ces sept derniÚres années (elle s'achÚte actuellement autour de 82 dollars la tonne contre un pic de 136 dollars l'année derniÚre).

Cette ruée sur l'uranium subsaharien (New Uranium Mining Projects) bouleverse les monopoles de jadis. La française Areva, dont les filiales Cominak et Somaïr gardaient depuis les années 1970 la mainmise sur les gisements nigériens, a vu débouler depuis 2007 sur ses plate-bande sahéliennes des sociétés canadiennes, américaines, chinoises, sud africaines, indiennes, auxquelles Niamey a octroyé plus de cent permis d'exploration.

Si l'on est encore loin d'une guerre de l'uranium, la demande croissante en combustible non fossile pour les 25 prochaines annĂ©es pourrait bien voir s'intensifier les tensions entre l'Etat central et les populations autochtones, voire entre entreprises transnationales, autour de ces ressources. En somme, dĂ©boucher, Ă  l'instar de la guerre de basse intensitĂ© livrĂ©e autour du brut du Delta du Niger, sur une potentielle nigĂ©rianisation des zones uranifĂšres. On peut difficilement citer un exemple ou la prĂ©sence de ressources en Afrique n'a pas Ă©tĂ© une malĂ©diction totale, note Daniel Volman, directeur de l'African Security Research Project Ă  Washington, dans l'article, remarquablement Ă©quilibrĂ©, publiĂ© en 2007 par le bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Niger : l'uranium - bĂ©nĂ©diction ou malĂ©diction ?). Je m'attends Ă  ce que le Niger reproduise le mĂȘme type de cycle constatĂ© dans d'autres pays, car il est dĂ©jĂ  en train de suivre la mĂȘme trajectoire, prĂ©cise ce chercheur amĂ©ricain.

Une premiĂšre Ă©tape a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© franchie : en renĂ©gociant l'annĂ©e derniĂšre le prix de l'uranium et en augmentant son taux de redevance au kilo, l'Etat nigĂ©rien est devenu moins dĂ©pendant des impĂŽts. Il a donc moins besoin du soutien des populations rurales. Et moins besoin d'ĂȘtre attentif aux demandes des populations du Nord Niger. Ce qui n'a fait que gonfler les rangs des sympathisants du Mouvement NigĂ©rien pour la Justice (MNJ) — aux prises avec l'armĂ©e sur fond de rĂ©partition plus Ă©quitable des revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par l'exploitation de l'uranium — et durcir la rĂ©pression contre tous ceux, journalistes et militants des droits humains en premier lieu, suspectĂ©s de sympathies avec le MNJ. Le journaliste Moussa Kaka, correspondant de Radio France Internationale, en paie le prix en prison depuis un an ce vendredi 19 septembre.

Une seconde Ă©tape est en train d'ĂȘtre franchie : la militarisation accrue d'un pays parmi les plus pauvres du monde, et la sanctuarisation de ses coffre-forts minĂ©raux, avec le risque que ses problĂšmes ne soient uniquement rĂ©solus par la maniĂšre forte. DotĂ©es d'un nouvel armement chinois, les forces militaires de Niamey sont par ailleurs couvĂ©es par les Etats-Unis qui assurent l'entrainement militaire de leurs officiers.

Face à cette vision pessimiste, certains pourront rétorquer que la nouvelle course vers l'uranium nigérien a réveillé le ressentiment de la population touarÚgue à l'égard du pouvoir central et, plus globalement, des opérateurs étrangers impliqués dans la zone de conflit. En somme, que la crise vécue par Niamey dans son pourtour saharien est bien spécifique. A entendre le mécontentement grandissant des ONG namibiennes impliquées dans la protection de l'environnement, face au grand jeu international auxquelles se livrent actuellement une quarantaine d'entreprises extractives (dont Areva) dans le désert de Namibie, on peut commencer à en douter (Lire Increased Nuclear Energy Demand Boosts Namibia).

Lorsque le dĂ©funt militant nigĂ©rian Ken Saro Wiwa s'attaqua au dĂ©but des annĂ©es 1990 Ă  Shell, qui exploitait le territoire ogoni au cƓur du Delta du Niger, sa lutte Ă©tait pacifique. Et pour des raisons majoritairement liĂ©es Ă  la dĂ©tĂ©rioration de l'environnement. On connaĂźt la suite


Jean-Christophe Servant pour CETRI - Centre Tricontinental (Belgique)
Le 03-10-2008

NIGER : L’uranium – bĂ©nĂ©diction ou malĂ©diction ?

transparentlogo.gif Article publié par IRIN le 16 octobre 2007

DAKAR, 16 octobre 2007 (IRIN) - Tandis que la demande mondiale en Ă©nergie nuclĂ©aire grimpe, les vastes rĂ©serves d’uranium du Niger ne sont pas un atout pour la population du pays, Ă  en croire les analystes ; au contraire, elles ne font qu’ajouter aux graves problĂšmes qui pĂšsent sur la rĂ©gion.

Pays pauvre situĂ© Ă  la lisiĂšre sud du dĂ©sert du Sahara, le Niger dispose de rĂ©serves d’uranium – source principale de combustible nuclĂ©aire – parmi les plus importantes du monde, mais n’en tire presque aucun avantage.

Au contraire, selon les organisations locales et internationales, l’exploitation de l’uranium par des sociĂ©tĂ©s principalement Ă©trangĂšres a des consĂ©quences nĂ©fastes sur l’environnement et la santĂ© des populations dans l’extrĂȘme nord du pays.

Les opĂ©rations miniĂšres sont aussi Ă  l’origine de tensions politiques nationales : notamment, une des exigences principales du Mouvement des NigĂ©riens pour la justice (MNJ), une milice armĂ©e aux prises avec l’armĂ©e nigĂ©rienne depuis fĂ©vrier, repose sur une rĂ©partition plus Ă©quitable des revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par l’exploitation de l’uranium.

« Le fait qu’il y ait de (l’uranium au Niger) est plus un mal qu’un bien, pour l’instant », selon Jeremy Keenan, professeur Ă  l’universitĂ© de Bristol au Royaume-Uni, et autoritĂ© reconnue sur le Sahara. « C’est une malĂ©diction pour la rĂ©gion et les populations qui y vivent 
 Cela a tout le potentiel d’une situation tout Ă  fait explosive ».

Peu d’avantages

Les associations de la sociĂ©tĂ© civile au Niger, ainsi que plusieurs universitaires aux Etats-Unis et au Royaume-Uni s’accordent sur le fait que les populations du Niger n’ont pas profitĂ© des 100 000 tonnes d’uranium extraites ces 36 derniĂšres annĂ©es. Le Niger, qui produit plus de 3 000 tonnes d’uranium par an, se situe entre la troisiĂšme et la cinquiĂšme places mondiales en matiĂšre de production d’uranium.

NĂ©anmoins, selon l’Indice de dĂ©veloppement humain 2006 du Programme des Nations Unies pour le dĂ©veloppement, le Niger est le pays le plus pauvre du monde : l’espĂ©rance de vie est de 45 ans, 71 pour cent des adultes ne savent pas lire, et 60 pour cent de la population survit avec moins d’un dollar par jour.

« Le peuple nigĂ©rien ne profite pas de ces revenus », selon Ali Idrissa, coordinateur de la branche nigĂ©rienne de Publish What You Pay, une coalition internationale d’organisations non-gouvernementales (ONG) qui appellent les compagnies extractives (pĂ©trole, gaz, mines) Ă  communiquer les montants qu’elles versent aux gouvernements pour l’extraction des ressources naturelles.

Le gouvernement nigĂ©rien, notamment, ne perçoit qu’une faible part des revenus de l’uranium : ce sont des sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres qui dĂ©tiennent une participation majoritaire dans SOMAÏR et COMINAK, les deux entreprises productrices d’uranium, gĂ©rĂ©es et principalement dĂ©tenues par Areva, multinationale française et gĂ©ant mondial de l’exploitation miniĂšre.

En juillet, les autoritĂ©s ont renĂ©gociĂ© le prix de l’uranium, augmentant ainsi le taux de redevance au kilo, pour le porter Ă  40 000 francs CFA (soit 86 dollars) pour l’annĂ©e 2007. MalgrĂ© tout, aux termes d’un accord vieux de plusieurs dĂ©cennies, les deux sociĂ©tĂ©s de production ne sont pas tenues de verser plus de 5,5 pour cent de leurs revenus Ă  l’Etat. En 2006, cela Ă©quivalait seulement Ă  10 milliards de francs CFA (22 millions de dollars), selon le ministĂšre de l’Exploitation miniĂšre et de l’Energie.

D’aprĂšs Robert Charlick, professeur Ă  l’universitĂ© publique de Cleveland et auteur d’ouvrages sur le Niger, les revenus de l’uranium permettent nĂ©anmoins au gouvernement de moins dĂ©pendre des impĂŽts, et donc d’avoir moins besoin du soutien de la population, et particuliĂšrement de la grande majoritĂ© de la population rurale isolĂ©e du pays.

« Cela a dĂ©truit la perspective de voir apparaĂźtre un systĂšme politique plus attentif aux intĂ©rĂȘts des populations rurales », a expliquĂ© M. Charlick Ă  IRIN. Si l’industrie miniĂšre a permis un certain dĂ©veloppement, a-t-il poursuivi, ce dĂ©veloppement s’est opĂ©rĂ© de façon Ă  servir la production de l’uranium, et non Ă  profiter au NigĂ©rien moyen. Une route vers Arlit a Ă©tĂ© construite Ă  travers la ville miniĂšre de Tahoua pour permettre le transport de l’uranium, et l’exploitation du charbon a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e pour permettre le fonctionnement des centres de production d’uranium. « Ces rĂ©gions ont l’électricitĂ©, mais rares sont les autres zones rurales du pays qui l’ont », a-t-il ajoutĂ©.

PrĂ©occupations sanitaires et environnementales Le mĂ©contentement est Ă©galement de plus en plus vif chez les milliers de mineurs et les populations qui vivent prĂšs des sites miniers de la rĂ©gion d’Agadez, dans le nord ; ceux-ci se plaignent de conditions de travail dangereuses et de l’exposition de la communautĂ© aux substances radioactives.

En aoĂ»t, un mouvement d’associations de la sociĂ©tĂ© civile aurait exigĂ© qu’Areva verse 300 milliards de francs CFA (647 millions) de dommages et intĂ©rĂȘts pour ses annĂ©es d’exploration dans des « conditions injustes et iniques ».

Selon une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e en 2005 par Sherpa, un rĂ©seau international d’avocats qui plaident pour la responsabilitĂ© sociale des entreprises, les personnes qui travaillent dans les mines d’uranium nigĂ©riennes ne sont pas informĂ©es des risques sanitaires auxquels elles sont exposĂ©es ; ne bĂ©nĂ©ficient pas des mesures de sĂ©curitĂ© les plus essentielles ; et ne sont pas toujours soignĂ©es en cas de cancer du poumon. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© qu’à long terme, l’exposition au radon – un gaz obtenu par transformation de l’uranium – par inhalation avait un lien avec l’apparition du cancer du poumon. 200411922.JPG Selon CRIIRAD, une autre ONG française, l’eau, la terre et les morceaux de ferraille qui se trouvent dans la zone d’exploitation des deux mines du Niger prĂ©sentent des taux de radioactivitĂ© dangereusement Ă©levĂ©s.

Pour Mamane Sani Adamou, d’Alternative Espaces Citoyens, une organisation de la sociĂ©tĂ© civile, l’extraction de l’uranium a gravement portĂ© atteinte Ă  l’environnement, rĂ©duisant notamment les forĂȘts et les pĂąturages.

La multinationale a fait obstacle Ă  la poursuite des recherches visant Ă  dĂ©montrer scientifiquement la vĂ©racitĂ© des allĂ©gations de pollution et de prĂ©judice sanitaire, selon M. Keenan, de l’universitĂ© de Bristol.

Areva a systĂ©matiquement niĂ© ces allĂ©gations, et attribuĂ© le nombre Ă©levĂ© de maladies Ă  la rudesse du climat dĂ©sertique. Dans une dĂ©claration Ă©crite, envoyĂ©e en rĂ©ponse aux questions d’IRIN, Areva a dit faire l’objet d’audits externes rĂ©guliers ayant trait Ă  la santĂ©, Ă  l’environnement et Ă  la sĂ©curitĂ© ; selon les conclusions d’un de ces audits, rĂ©alisĂ© par l’Institut de radioprotection et de sĂ»retĂ© nuclĂ©aire (IRSN), un organisme français, la sociĂ©tĂ© opĂšre conformĂ©ment aux normes internationales. La sociĂ©tĂ© Areva a Ă©galement indiquĂ© qu’elle ouvrirait un centre de santĂ© prĂšs de ses sites d’exploitation.

« Les accusations de nĂ©gligence et de manque de transparence portĂ©es Ă  l’encontre d’Areva sont en contradiction totale avec les faits rĂ©els », selon le document. Une source de conflit potentiel

Tandis que la concurrence gĂ©nĂ©rale pour l’obtention des ressources africaines se fait de plus en plus vive – Daniel Volman, chercheur indĂ©pendant exerçant Ă  Washington, parle d’une « concurrence mondiale entre les Etats-Unis et la Chine pour l’accĂšs aux rĂ©serves Ă©nergĂ©tiques » – certains analystes craignent que l’uranium nigĂ©rien ne devienne Ă©galement une source de tensions.

Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, la demande mondiale globale en Ă©nergie augmentera d’au moins 50 pour cent au cours des 25 prochaines annĂ©es et devra ĂȘtre satisfaite principalement par des combustibles non-fossiles, et particuliĂšrement par l’énergie nuclĂ©aire.

« Les Etats-Unis et tous les autres pays industrialisĂ©s ou en voie de dĂ©veloppement se tourneront vers l’Afrique comme source d’uranium », a expliquĂ© M. Volman, qui Ă©tudie la politique amĂ©ricaine en Afrique, en matiĂšre de rĂ©serves d’énergie. « Le processus a dĂ©jĂ  commencĂ© et va prendre de l’ampleur ».

Le Niger abrite les plus grandes rĂ©serves d’uranium d’Afrique, principalement accaparĂ©es par Areva depuis plusieurs annĂ©es. Le gouvernement tente Ă  prĂ©sent de trouver d’autres partenaires et a dĂ©livrĂ© plus de 100 permis d’exploration Ă  des sociĂ©tĂ©s canadiennes, amĂ©ricaines, chinoises, indiennes et autres, au cours de cette derniĂšre annĂ©e, seulement.

« De nombreux pays du monde sont en quelque sorte prĂȘts Ă  tout pour mettre la main sur de l’uranium », a rĂ©sumĂ© M. Keenan de l’universitĂ© de Bristol, ajoutant : « Il risque d’y avoir progressivement de plus en plus de conflits de ressources dans le monde ». La guerre de l’uranium ?

Jusqu’ici, l’instabilitĂ© de la rĂ©gion sahĂ©lienne Ă©tait due Ă  des facteurs autres que l’exploitation des ressources. Mais au Niger, l’uranium participe d’un mĂ©lange de facteurs potentiellement explosifs, notamment la guerre menĂ©e par les Etats-Unis contre le terrorisme, la rĂ©bellion dans le nord et la politique du gouvernement, qui interdit toute nĂ©gociation avec les rebelles.

D’aprĂšs M. Volman, chercheur indĂ©pendant, la prĂ©sence de ressources naturelles amĂšne les gouvernements Ă©trangers Ă  apporter un soutien militaire et financier aux pays riches en ressources de façon Ă  s’assurer un accĂšs continu Ă  ces ressources. Les Etats-Unis assurent dĂ©jĂ  l’entraĂźnement militaire des officiers nigĂ©riens, a-t-il expliquĂ©, et le Niger a participĂ© Ă  d’autres programmes d’équipement offerts par les Etats-Unis par le passĂ©.

Or, pour M. Volman, une militarisation accrue mĂšne Ă  une agressivitĂ© accrue des gouvernements envers leurs propres administrĂ©s et les pays voisins. « Cela favorise la rĂ©pression interne. Et cela encourage aussi les pays Ă  envahir leurs voisins », a-t-il affirmĂ©. « Cela les incite Ă  se rĂ©soudre Ă  la force, Ă  la fois pour solutionner leurs problĂšmes et pour saisir les occasions qui se prĂ©sentent Ă  eux – et notamment l’occasion d’envahir les pays voisins et de les piller ».

« On peut difficilement citer un exemple oĂč la prĂ©sence de ressources en Afrique n’a pas Ă©tĂ© une malĂ©diction totale », a poursuivi M. Volman. « Je m’attends Ă  ce que le Niger reproduise le mĂȘme type de cycle constatĂ© dans d’autres pays, car il est dĂ©jĂ  en train de suivre la mĂȘme trajectoire ».

Depuis le mois de fĂ©vrier, les rebelles du MNJ ont pris d’assaut plusieurs avant-postes de l’armĂ©e nigĂ©rienne et menĂ© des attaques contre certaines sociĂ©tĂ©s miniĂšres Ă©trangĂšres ; ils ont notamment tuĂ© au moins 45 soldats et enlevĂ© un ressortissant chinois qui travaillait Ă  l’exploitation de l’uranium, avant de le libĂ©rer, sain et sauf. En juillet, le MNJ a conseillĂ© Ă  tous les ressortissants Ă©trangers travaillant dans le secteur de l’exploitation miniĂšre des ressources naturelles de quitter les zones de conflit « pour leur sĂ©curitĂ© ».

MalgrĂ© tout, pour certains, les prĂ©visions d’un violent conflit au sujet de l’uranium sont exagĂ©rĂ©es. « Je ne pense vraiment pas qu’il faille s’attendre Ă  une guerre de l’uranium », a assurĂ© M. Charlick de l’universitĂ© publique de Cleveland. « Ce sera un problĂšme Ă©conomique de plus en plus pesant, mais je ne m’attends pas Ă  ce qu’il dĂ©bouche sur une bataille ».

M. Idrissa de Publish What You Pay n’est pas du mĂȘme avis ; Ă  la question « la prĂ©sence d’uranium pourrait-elle aboutir Ă  une guerre rĂ©gionale ? », il rĂ©pond quant Ă  lui :

« Vu les intĂ©rĂȘts de certaines puissances en matiĂšre d’uranium, il faut s’attendre Ă  tout ».

7 oct 2008

AlgĂ©rie, DĂ©chets radioactifs de la mine d’Arlit : Les retombĂ©es radioactives devant nos portes


Des gisements d’uranium sont exploitĂ©s Ă  moins d’une centaine de kilomĂštres de la frontiĂšre algĂ©ro-nigĂ©rienne par deux compagnies françaises dans la rĂ©gion d’Arlit au Niger. L’émanation des poussiĂšres radioactives et du gaz radon-222, poussĂ©s par les vents du Sud, traversent les frontiĂšres et se dispersent plus particuliĂšrement sur une grande superficie du Sud algĂ©rien, dĂ©truisant pour toujours le systĂšme Ă©cologique.

Cette émanation toxique tue les hommes, la flore et la faune, sur une échelle plus grande que les restes des essais nucléaires français au Sahara.

L’uranium du Niger est seulement indispensable au programme Ă©lectronuclĂ©aire massif de la France, mais surtout pour la fabrication d’armes nuclĂ©aires, qui sont prohibĂ©es pour certains et permises pour d’autres. L’uranium du Niger, une fois traitĂ© sur site et dĂ©lestĂ© de ses dĂ©chets radioactifs, reprĂ©sente 96,5% du volume de minerai extrait, le ‘yellowcake’ (concentrĂ© de minerai jaunĂątre), une part est transportĂ©e vers le Libye par Agadez, le reste est acheminĂ© au BĂ©nin jusqu’au port de Cotonou.

Ce qui est inquiĂ©tant, c’est l’existence de la mine elle-mĂȘme, car elle restera pour l’éternitĂ© une grande source d’émanation de la radioactivitĂ©, tuant Ă  petit feu les populations d’Afrique (voir tableau 1). LibĂ©rĂ© en grande quantitĂ© par l’activitĂ© miniĂšre et les dĂ©chets radioactifs, le gaz radon-222, Ă©lĂ©ment radioactif, qui peut parcourir des milliers de kilomĂštres en quelques jours sans jamais s’éloigner de la surface du sol, Ă  cause de sa densitĂ© et la pesanteur. Le radon s’émane aussi en grande quantitĂ© des montagnes de rĂ©sidus radioactifs, qui jonchent auprĂšs des mines et aussi par les cheminĂ©es d’aĂ©ration de la mine. A Arlit, une montagne de 15 m de haut sur une superficie de 85 hectares de surface et d’un volume de 12,5 millions de tonnes de rĂ©sidus radioactifs est soumise au grĂ© des vents qui transportent ses poussiĂšres sur des milliers de kilomĂštres.

Sur le site de la mine d’Arlit, des mesures faites clandestinement par des ONG europĂ©ennes donnent une teneur moyenne de 49 000 Bg/kg pour le thorium 230, 57 000 Bg/kg pour le radium 226 et 54 000 Bg/kg pour le plomb 210, soit une radioactivitĂ© totale supĂ©rieure Ă  500 000 Bg/kg, si l’on ajoute la contribution des 14 descendants de l’uranium (voir tableau 1). LaissĂ©s Ă  l’air libre, la poussiĂšre de rĂ©sidus radioactifs et le gaz radon-222 sont emportĂ©s par les vents dominants, soufflant du sud vers le nord, jusqu’en profondeur du territoire algĂ©rien.

A Tamanrasset comme Ă  Adrar des morts suspectes dues Ă  l’irradiation radioactive ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es, la plupart des habitants du Sud algĂ©rien portent un cancer des poumons, les enfants dĂšs leur jeune Ăąge souffrent des difficultĂ©s respiratoires, les services sanitaires ont relevĂ© sur la population des signes de stress et de perte de mĂ©moire, d’autres sont apparues : les cancers de la peau, les cancers de gorge, les dĂ©formations physiques, la chute de cheveux Ă  un Ăąge prĂ©maturĂ©, etc. Des mesures hasardeuses qui ont Ă©tĂ© faites dans diffĂ©rents sites du sud du pays se sont avĂ©rĂ©es alarmantes et quelques fois elles dĂ©passent largement le seuil de radioactivitĂ© admis pour l’homme et la nature.

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9 sep 2008

DĂ©claration conjointe sur la situation de l’alimentation en eau potable de la ville d’Arlit de la Coordination de la SociĂ©tĂ© Civile d’Arlit et du Collectif pour la DĂ©fense du Droit Ă  l’Énergie (CODDAE)

a3bb1b3ab9.jpg lundi 8 septembre 2008 - Source : Temoust

UtilisĂ©e comme produit d’alimentation humaine et indispensable Ă  la vie, l’eau potable est devenue aujourd’hui rare et introuvable dans la ville d’Arlit. Et pourtant, l’eau doit constituer jusqu’à 70% Ă  90% du poids de l’adulte et du nouveau-nĂ©. A cet effet, l’eau potable est une ressource vitale pour l’homme. MalgrĂ© cette situation, depuis plusieurs jours, les populations de la ville d’Arlit peuplĂ©e de plus de 100.000 habitants, vivent un problĂšme rĂ©curant dans leur alimentation en eau potable. Pour cause, les installations de distribution de la ville utilisĂ©e aujourd’hui par la SociĂ©tĂ© d’Exploitation des Eaux du Niger (SEEN), mais construites par les sociĂ©tĂ©s miniĂšres Somair et Cominak, sont vieilles de plus de quarante ans.En effet, depuis l’installation des sociĂ©tĂ©s miniĂšres d’exploitation d’uranium, il y a une quarantaine d’annĂ©es l’eau potable est produite par ses derniĂšres et revendue Ă  la SEEN qui Ă  son tour la distribue selon son prix Ă  la population d’Arlit. Compte tenu de leur histoire, les rĂ©servoirs d’eau de la ville d’Arlit sont la propriĂ©tĂ© des sociĂ©tĂ©s miniĂšres, construits pour le besoin en alimentation des citĂ©s miniĂšres et des usines d’extraction d’uranium. C’est pourquoi, de tout temps cette population doit se contenter des marges d’eau potable si celles-ci existent ou lorsqu’elles sont disponibles Ă  la suite des rationnements des quantitĂ©s d’eau retenues dans les citĂ©s miniĂšres.

Face Ă  ce problĂšme difficile et prĂ©occupant, s’ajoute l’épineux accroissement de la population d’Arlit et l’incompatibilitĂ© du rĂ©seau de distribution de la SEEN devenu Ă  l’heure actuelle totalement vĂ©tuste. En ce dĂ©but de mois sacrĂ© de Ramadan, certains quartiers de la ville d’Arlit observent dĂ©jĂ  plusieurs jours sans la moindre goutte d’eau au robinet. Les quartiers rĂ©sidentiels doivent attendre tardivement la nuit pour remplir quelques rĂ©cipients pour les usages domestiques.

Devant cette situation incomprĂ©hensible et inacceptable, la SociĂ©tĂ© du Patrimoine des Eaux du Niger (SPEN) ne dispose d’aucune piĂšce de rechange Ă  Arlit afin de rĂ©parer les innombrables fuites d’eau retrouvĂ©es ça et lĂ  Ă  la base de l’effondrement du systĂšme.

Cette situation pourtant prĂ©visible ne semble pas prĂ©occuper les diffĂ©rents responsables de la SPEN et de la SEEN, c’est pour toutes ces raisons, nous, organisations de la sociĂ©tĂ© civile d’Arlit et le CODDAE dĂ©nonçons l’insouciance et la nĂ©gligence de tous les acteurs concernĂ©s intervenants dans la chaĂźne, qui au lieu de s’atteler Ă  leur vĂ©ritable rĂŽle de disposer de forages, de chĂąteaux d’eau et une canalisation adĂ©quate, se contentent de jouer de simple rĂŽle de distributeur d’eau dans une ville oĂč le croit dĂ©mographique, le poids Ă©conomique et l’importance stratĂ©gique ne sont plus Ă  dĂ©montrer.

Au vue de tout ce qui prĂ©cĂšde et face Ă  l’urgence du rĂšglement de cette situation dĂ©sagrĂ©able :

1. lançons un pressant appel au PrĂ©sident de la RĂ©publique Tandja Mamadou et au Chef du Gouvernement de Seini Oumarou pour venir en aide aux populations victimes ; 2. invitons la SPEN et la SEEN de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour la construction d’un nouveau rĂ©servoir d’eau au profit de ces populations meurtries et de prĂ©voir la mise en Ă©tat et l’extension du rĂ©seau d’Arlit sans dĂ©lai ; 3. demandons aux sociĂ©tĂ©s miniĂšres de contribuer Ă  la rĂ©solution de cette situation en livrant un volume important Ă  la SEEN ; 4. Encourageons les AutoritĂ©s Administratives d’Arlit, notamment le PrĂ©fet du DĂ©partement M. Issoufou Oumarou et le Maire de la Commune Urbaine d’Arlit M. Bachir Abdel Aziz qui ont tenu Ă  rendre visite aux nombreuses familles victimes du manque total d’eau pour les rĂ©conforter moralement en attendant de trouver une solution dĂ©finitive Ă  cette pĂ©nible situation.

Fait Ă  Arlit le 6 septembre 2008

Ont signé

Pour la Coordination de la SociĂ©tĂ© Civile D’Arlit Almoustapha Allhassan

Pour le CODDAE Moustapha Kadi

14 aoĂ» 2008

Le dossier d'information du collectif Tchinaghen est Ă  jour !

Vous pouvez télécharger la version d'août 2008

76 pages pour mieux comprendre la situation dramatique que traverse le Nord-Niger : populations autochtones, enjeux gĂ©ostratĂ©giques, eau, conflit armĂ©, crise humanitaire, droits de l'Homme.

De nouveaux textes, des cartes actualisées, des annexes inédites.

Télécharger le dossier

2 aoĂ» 2008

Obtention du Certificat de Conformité Environnementale pour le Projet Imouraren

logo-areva.png Communiqué d'Areva - 31 juillet 2008

Confirmant les conclusions de l’atelier de validation qui s’était tenu du 19 au 21 mai derniers Ă  Agadez, dans le nord du Niger, les autoritĂ©s nigĂ©riennes, en la personne du directeur du Bureau d’Evaluation Environnementale et des Etudes d’Impact (BEEEI), ont officiellement remis Ă  AREVA, mardi 29 juillet, un Certificat de ConformitĂ© Environnementale pour le Projet Imouraren. SignĂ© par le Ministre de l’Environnement et de la Lutte Contre la DĂ©sertification, ce document fait partie intĂ©grante du dossier pour le permis d’exploiter (PEX) dont la demande a officiellement Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e le 15 mai dernier. Une dĂ©cision des autoritĂ©s en faveur de l’attribution du PEX ouvrirait la voie aux investissements massifs prĂ©vus pour le site (prĂšs de 1,2 milliards d’euros sur les trois premiĂšres annĂ©es) et au lancement des premiers travaux d’envergure. PrĂ©vu pour dĂ©buter Ă  partir de 2012, l’exploitation du gisement d’Imouraren devrait produire Ă  terme prĂšs de 5000 tonnes d’uranium par an et devenir la deuxiĂšme plus grande mine d’uranium Ă  ciel ouvert au monde.

Au sujet du projet Imouraren, lisez notre communiquĂ© du 27 mai 2008 : Areva profite de l’état d’urgence au Nord du Niger pour valider son Ă©norme projet minier d’Imouraren

Les ONGs nigériennes du Réseau ROTAB réclament l'application de l'Initiative sur la Transparence dans les Industries Extractives

DĂ©claration de Presse

RĂ©unies le samedi 26 juillet 2008, en AssemblĂ©e ordinaire, Ă  l'effet d'examiner plusieurs points inscrits Ă  son ordre du jour, les Organisations Membres du RĂ©seau des Organisations pour la Transparence et l'Analyse BudgĂ©taire font la dĂ©claration suivante :

Vu la Constitution du Niger du 09 août 1999? notamment en son article 31 qui dispose que les biens publics sont sacrés et inviolables, Considérant l'adhésion du Niger à l'Initiative sur la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE),
ConsidĂ©rant que la transparence dans les industries extractives doit ĂȘtre effective sur toute la chaĂźne (de la signature Ă  la rĂ©partition des revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par les ressources naturelles non renouvelables et les impactes environnementaux),
ConsidĂ©rant la signature du contrat d'exploitation pĂ©troliĂšre du bloc d'Agadem, entre le gouvernement du Niger et la « China National Oil and Gaz Development and Exploration Corporation »,

Le ROTAB dĂ©nonce et condamne :

1. L'opacitĂ© qui a entourĂ© la signature du contrat entre le gouvernement du Niger et la filiale de CNCP, 2. La mise Ă  l'Ă©cart des techniciens nationaux compĂ©tents dans le domaine des industries pĂ©troliĂšres, 3. L'utilisation exclusive des personnes ressources extĂ©rieures et de qualitĂ© douteuse, 4. Le manque d'information sur l'utilisation faite du bonus des 127 milliards accordĂ© par les chinois Ă  la suite de la signature du contrat du bloc d'Agadem , 5. Le refus du gouvernement de mettre Ă  la disposition de la sociĂ©tĂ© civile le contrat avec les chinois sur l'exploitation pĂ©troliĂšre ainsi que celui signĂ© avec Areva, 6. Le retard manifeste dans la mise en Ɠuvre de l' ITIE au Niger,

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7 mar 2008

Dossier d'information : Le Nord-Niger victime de ses richesses

La malĂ©diction de l'uranium : Le Nord Niger victime de ses richesses (pdf) : dossier d'information de 50 pages rĂ©alisĂ© et diffusĂ© par le Collectif Tchinaghen

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7 mai 2007

Bakchich Info publie des documents compromettants...

Voir cet article d'Ignacio Manga : Areva fait rĂȘver le Niger, accompagnĂ© de documents compromettants pour le gĂ©ant du nuclĂ©aire :

– Courriers Officiels : OĂč l’on dĂ©couvre qu’Areva et ses filiales ne respectent pas toujours les dĂ©lais pour dĂ©polluer une route pleines de ses petits dĂ©chets radioactifs.

– Courriers internes : À neuf mois d’écart, le laboratoire d’analyse missionnĂ© par la Cogema alerte son client du non-respect des critĂšres de potabilitĂ© de l’eau qu’elle distribue Ă  Arlit.

– RĂ©sultats d’analyses : OĂč l’on dĂ©couvre que les limites admissibles de l’organisation mondiale de la SantĂ© quant Ă  l’eau sont tout bonnement explosĂ©es Ă  Arlit. Et les seuils d’arrĂȘt de la distribution d’eau, soit 0,1Bq/l en indice alpha total, prĂšs de quarante fois dĂ©passĂ©s. La station de surpression ZI affiche mĂȘme un indice de 4,25


30 avr 2005

Rapports d'enquĂȘte sur l'impact de l'exploitation de l'uranium par les filiales d'Areva au Niger


Rapports d'enquĂȘtes SHERPA et CRIIRAD - avril 2005 :

- Impact de l’exploitation de l’uranium par les filiales de COGEMA-AREVA au NIGER - Note CRIIRAD (pdf, avril 2005)

- Rapport d’enquĂȘte SHERPA (pdf)

Mission prĂ©liminaire CRIIRAD / SHERPA au Niger - dĂ©cembre 2003 :

- Compte rendu de mission CRIIRAD (pdf avec photos)

- Complément photographique de la mission CRIIRAD (html)

- Compte rendu de mission SHERPA (word, décembre 2003)